samedi 16 février 2008

Milou, Idefix, Rantanplan et les autres.




Je n'aime pas Claude Sautet, et cela m'amuse de détourner un titre de ses films ( trop bourgeoisie année 60...)

"Hot Dog" Milou, Idefix, Rantanplan et les autres...


Voici la série d'"os-roches" présente dans le box "schizophrénie". Ces peintures de moyen format se trouvaient réparties en deux groupes encadrant la sortie du tunnel menant au box 3. Elles avaient pour titre des noms de chiens illustres, sortis de la BD ou du cinéma d'animation... Des chiens anthropomorphes en quelque sorte.
Mon intention dans cette série était de réduire au strict minimum le langage pictural, le mettre à nu, au plus près de l'os... ces peinture constituaient un jalon entre la série des humains en recomposition et le grand papier intitulé le naufrage de Matisse.
Ainsi se termine quasiment la visite de l'exposition "Hot Dog".

lundi 11 février 2008

les "suites célestines", détail 2





Quelques notes concernant les " suites célestines" ...

notes d'atelier ( nov 2007 ):

"(...) se rapprocher toujours un peu plus de Giotto... Si simple ... S'émanciper du parasitage contemporain ( ça veut dire quoi ? n'est-ce donc pas contemporain ce qui, séparé de nous par les siècles passés, nous bouleverse encore aujourd'hui ?). Les primitifs Italiens me touchent par leur simplicité, leur esprit de synthèse. L'immensité narrative de la Maesta de Duccio, la monumentalité si fine des christs en croix de Cimabue... Ceux qui furent là avant que le système perspectif ne fige la raison dans une vision projective... Sans doute n'est ce pas pour rien que Picasso me fascine tant..."

notes d'atelier ( dec 2007 ):

"Motif: le ciel. Sujet: la peinture. Ambition: faire prendre de la hauteur à mon rapport conflictuel avec la guadeloupe- amour/haine."

(...) " l'idée ce n'est évidemment pas de partir de la peinture pour représenter le ciel, mais de partir du ciel pour représenter la peinture. En ce sens, ciel égale peinture, et la peinture est mon ciel..."

"corps et âme, plonger."

" Fuir Klein, cet affreux réducteur de tête.... I.K . Beurk ! "

(...)" des petits morceaux d'infini, les monochromes de Mr Klein ? L'infini n'est pas une saturation pigmentaire, c'est un flux. C'est aussi un conflit. Bref, un conflux..."

" Et voilà que mes conflux intérieurs me mènent encore entre Giotto le primitif et Deleuze l'animal."

notes d'atelier ( jan 2008 )

(...) " Cela commence toujours par la pluie. Une pluie intense et chamarée, sans intention autre que celle de noyer la surface, d'imbiber le support jusqu'à la limite du dégorgement. La couleur en liberté, les coulures hasardeuses entrent en stratification et créent le théâtre des opérations futures. Ainsi nourri, ainsi apprêté, le support n'attent plus que la lutte des conflux entre l'esprit et la main, l'oeil animal et la pensée culturée... Sans cette pluie première, pas de formation d'idée, pas de nuage, pas de ciel... "

les "suites célestines", détail




les suites célestines, ou l'après "Hot Dog"


Voici les toutes dernières peintures réalisées entre octobre 2007 et janvier 2008. Elle feront partie d'une installation présentant 16 peintures ( dont ces 7 là ) de format identique ( 185 x 200 cm ), installation intitulée "les suites célestines". Dans une "architecture "octogonale de 6.66 m de haut , 8 représentations du ciel seront en relation avec huit représentations de..... eh bien, vous le saurez quand ce sera prêt ! les "suites célestines" se veulent un hommage à Giotto et Duccio...

"les animalités domestiques" suite...



y aura t'il un "Hot Dog 2" ?


prévue à l'origine pour être itinérante, l'exposition "Hot Dog" devait être présentée dans divers lycées de la Guadeloupe... vu l'ampleur du dispositif et l'étroitesse des locaux proposés, " Hot Dog" cherche actuellement un site d'accueil pour se repenser autrement ( nouveaux travaux pas présentés lors de la première expo, nouveau dispositif, si possible circulaire selon le lieu...

Dans "Hot Dog 2" , il y aura sans doute une petite place pour une série de travaux intitulée " les animalités domestiques", dont voici quelques images... Ouvertement référenciels du travail de mon ami jean pierre Marquet, ces travaux ont été réalisé entre 2004 et 2005, à un moment de sérieux doute professoral et artistique. Les deux fonctions ne faisant pas toujours bon ménage, j'avais dans l'idée de faire un travail créatif intégrant une part de mon activité de prof. C'est ainsi que sont nées les animalités domestiques. Le titre d'abord: il témoigne de notre relation sociale au monde, joyeux toutous bien dressées que nous sommes par la fonction, le statut, le salaire, le pouvoir d'achat, bref, toutes ces grandes contingences qui nous obligent à coopter un système par bien des points particulièrement douteux... L'autre domestication dont le titre témoigne, c'est celle du travail plastique lui-même: domestiquer ses humeurs par un exercice hebdomadaire de dessins bêbêtes incluant une superposition picturale représentant un animal...

enfin, pour créer un lien entre "l'artiste" et le prof, je me suis servi de tous les graffitis laissés par les élèves au fur et à mesure de l'année. Pour protéger les tables, on les recouvre de grandes affiches d'imprimerie, que les élèves maculent de billets d'humeur et de messages secrets... Y'avait plus qu'à se servir ! J'ai donc pris le cahier du plan académique de formation ( paf, pour les initiés des abréviations de l'éducation nationale), je l'ai ouvert et étalé sur les feuilles de protection des tables, et au cutter j'ai prélevé ces bouts vie lycéenne...

Voilà comment s'est construite cette série (52 feuilles en tout, une par semaine, soit une année de vie de prof, enfin, en excluant les vacances- c'est vrai vous le savez bien, les profs sont toujours en vacances... ).

vendredi 8 février 2008


"Hot Dog" suite de la cabine schizophrénie


Encore quelques exemples de travaux situés dans la cellule du box 3... les gens avaient peine à y rester un long moment, d'abord parce qu'il y faisait très chaud ( n'oublions pas que nous sommes sous les tropiques ), ensuite parce que ça les mettait mal à l'aise. Beaucoup de lycéens ont témoigné de leur peur à rester dans cette pièce. Le timbre monocorde de ma voix récitant les textes d'alex S ( le schizophrène qui couvre sa maison de phrases et formules hallucinantes ) n'était sans doute pas des plus rassurant...


Si le caractère expiatoire de ces petits travaux ainsi que leur mise en scène dans la cabine ne m'était pas étranger, l'ensemble du dispositif a pris dans le regard de certains lycéens une dimension magico-religieuse que je n'avais pas prévu...


Toutes ces petites "expériences" dessinées, collées, photographiées sont pour moi la marque du fiasco du peintre, du dillettantisme, ou de la perte de la foi en la peinture... "QUE FARE ?", comme disait l'autre... C'est la perte de l'origine, son effacement inévitable dans la mémoire, ainsi que la persistance de sa trace, qui me poussent à tantôt abdiquer, tantôt reprendre... Il y a bien des jours où l' " à quoi bon ?" l'emporte sur l'ambition... ces petites productions en sont le témoignage, elles colmatent les interstices entre fuite en avant ( lignes de fuite Deleuziennes de pure énergie picturale ) et reculades ( déjà vu, déjà fait, déjà dit )...Paradoxalement, elles éclairent aussi la peinture, constituent des clés pour y entrer plus facilement...

jeudi 7 février 2008


les 56 petites productions étaient agencées sans ordre apparent... Je vous les présente ici selon un classement et des rapprochements qui n'ont rien à voir avec le joyeux bordel dans lequel elles se trouvaient exposées... ces petites " images" n'étaient visibles que dans le faisceau d'une lampe torche.

"Hot Dog" box 3, dans la petite cabine...


Schizophrénie intégrait dans son espace un lieu plus petit, une cabine... les parois de ce lieu, oppressant dans ses dimensions ( une cellule au minima ), étaient tapissées de 56 productions diverses, mêlant dessins, gouaches, photos de marionnettes, sans réel lien les uns avec les autres, sinon celui de la bizarrerie, du cauchemar ou du délire, le tout s'appuyant sur les propos lus et enregistrés d'un homme habitant la commune de Petit-bourg... Cet homme est un malade psychiatrique, il couvre et recouvre sa maison de phrases et de textes punaisés racontant son calvaire intérieur. Schizophrénie voulait, par la juxtaposition de corps de chiens morts dansant et de corps humains improbables, approcher la part schizophrène de notre système social, celui-là même qui au nom d'un civisme de bon aloi nous domestique toujours davantage...

mardi 5 février 2008


" L'oeuvre véritable finalement, c'est le changement..." Andy Goldsworthy

"Hot Dog" box 3




"Hot Dog", espace-corps


Dans le troisième box de " Hot Dog ", titré schizophrénie , l'on pouvait voir un ensemble de peintures sur papier de différents formats, présentant des corps, à mon sens en formation, plus que déformés. La série des ovales jaunes, ainsi qu'un format de 400 x 300 cm intitulé le naufrage de Matisse ( une danse macabre de chiens écrasés ), et des travaux plus modestes représentant des os et /ou des roches nommés " scoubidou, balto, rintintin, pluto,cubitus, bill...", se partageaient l'espace séparé en plusieurs cloisons... Les marionnettes "entre chiens et loups", étaient quant à elles enfermées dans une très petite cabine totalement obscure, de la taille d'une personne, où l'on pénétrait muni d'une lampe torche... des dessins, des collages accompagnaient ces marionnettes... une bande-son retranscrivant les propos d'un schizophrène habitait la pièce, amenant peu à peu le spectateur de l'installation à comprendre que nous étions bien les chiens de cette exposition...

lundi 4 février 2008

"Hot Dog" Chiens de Jarry (2)


Cette suite était présentée dans le deuxième box de "Hot Dog", avec une série photographique de petit format me représentant à la morgue sur la table d'autopsie.

(...)"L'homme est un chien qui dort, jamais on aurait dû l'éveiller et le soustraire au cercle de ses relations d'affaires pour le ramener à la maison. Il porte son arme sous la ceinture. Elle vient de partir comme un coup de fusil. La mise est perdue." (...)
Elfriede Jelinek LUST

samedi 2 février 2008

"Hot Dog" Chiens de Jarry.


La série intitulée "chiens de Jarry" est une suite de peintures réalisée dans l'urgence d'un vouloir-dire trop longtemps empêché. C'est avec les jus de peinture gris et puants constitués au fond des récipients servant au rinçage des pinceaux que j'ai commencé cette série. Ces jus presque pourris faisaient étrangement écho à ma pratique trop longtemps tenue en laisse. Ils ont constitué le fond du discours et le fond des représentations. Chaque chien est né d'un coup, sans dessin préalable, pur produit d'une mémorisation approximative de chiens croisés ça et là... A l'origine il y avait 17 peintures, mais 5 d'entre elles, jugées justement trop approximatives, ont fini fragmentées puis collées/intégrées dans les grands paysages de 2006...


extrait du catalogue:


( extrait notes mars 2005 )
« (…) trouvé dans le livre de Christian Bobin, le très bas, cette magnifique petite phrase, elle-même empruntée à l’ancien testament ( livre de Tobie ) : « l’enfant partit avec l’ange et le chien suivit derrière. »…Presque un Haikku. D’où peut-être, de nombreux chiens croisés dans mon enfance se prénommant Tobie !
Je démarre en furie une série de peintures en noir et blanc, quatre en même temps, je ne sais pas encore combien je vais en faire, représentant des chiens un peu misérables, un peu philosophes, traités en silhouette sur un fond remué. Je cherche une manière de rappeler le dispositif photographique ( rappel : 12 photos de chiens réels crevés en format horizontal face à douze photos de chiens artificiels en vie en format vertical ). »

( extrait notes avril 2005 )
« (…) 6 peintures de chiens vus de jour, 6 peintures de chiens vus de nuit. Formats identiques, acrylique et gouache sur papier…Ca fuse à pleine vitesse, c’est peint à l’arraché ( depuis tellement longtemps en sommeil ! ), balancé dans l’urgence, comme lors d’un crash automobile : pas le temps de freiner… Titre de la série en deux volets ( au mur, les deux groupes face à face ) : chiens de Jarry, car Jarry est le haut lieu de l’errance canine et du trafic automobile anarchique et malpoli ( pour ne pas dire carrément dangereux )… »

vendredi 1 février 2008

"Hot Dog" les sculptures photographiées du premier box





extrait du catalogue...


( extrait notes juillet 2003 )
« (…) Me voici parti à sculpter un chien en polystyrène, il est debout, il marche, tranquille… je pense le prendre en photo. »

( extrait notes octobre 2003 )
« (…) les photos des quatre chiens en volume réalisés jusqu’à présent rejoignent la sélection des photos de chiens écrasés, ils seront leur vis à vis ( plutôt « vise à vie » d’ailleurs ). Les volumes sont fragiles, ils sont fabriqués seulement dans le but d’être photographiés. Ils ré-insufflent un peu de vivant dans cet espace de mort que sont les clébards décharnés, ils sont ma façon de concevoir l’art ( un exercice cathartique énonçant son pouvoir de redonner vie ou tout au moins permettant de ne pas se laisser mourir de routine)… Il est fondamental que ces volumes de chiens « en vie » ne survivent pas à leur enregistrement photographique, seule la photo témoignera de leur existence, aussi vais-je systématiquement les détruire au fur et à mesure de l’avancement du projet. Ces sculptures ne doivent pas devenir des objets, elles doivent retournées dans le registre des images, et devenir elles aussi des peintures possibles… »

une réponse simple à l'angoisse ( 2 )


Les "a-tatouages" à paraître prochainement : les "a-tatouages frontaux". En attendant, en voici quelques uns qui ont immédiatement suivi le vernissage de "Hot Dog". Si ma mémoire est bonne, le vernissage a eu lieu le 5 mai 2007, jour de la retransmission en direct du débat sarkozy-royal. Conséquences, toute ma famille et l'institution présente ( merci à eux ) et à tout casser 6 collègues profs et/ou plasticiens... en revenant du vernissage, les "a-tatouages" sont nés...

la tentation du paysage mental




Ce triptyque n'a pas pu être présenté dans la première exposition " Hot Dog" , jugé trop... pornographique (?) pour un public avant tout lycéen. Cette censure est à bien des égards interessante, puisqu'elle nie, ou ignore plus certainement, à sa manière, la force interne de la peinture: cette force qui est de fixer durablement une expérience du visible, d'en faire un "sujet" immédiatement perceptible, inscrit dans le présent de sa réception par le spectateur, alors même que ce sujet est né lentement, par stratifications temporelles, rendues invisibles...

On a donc vu dans ces peintures autre chose que de la peinture. C'est prioritairement l' image qui l'a emporté sur le sujet.

Certes, des photos cochonnes n'auraient pas non plus été acceptées, pour les mêmes raisons que ces peintures. Mais ce type de peinture pose justement la question de l'écart entre réalité photographique et réalité picturale... Ainsi l'obscénité des corps baise encore la corporéité obscène de la peinture . Serge Daney a donc raison, le visuel triomphe sur le visible.